Hypatie d’Alexandrie

Rédigé par admin - -

Il est des femmes malheureusement trop peu connues qui ont pourtant marqué l’Histoire de leur empreinte, que ce soit par leurs actions, leurs sacrifices, ou plus discrètement par leur apport au savoir et à la connaissance humaine. Hypatie d’Alexandrie est un peu tout cela à la fois : une femme de savoir à l’influence extraordinaire, qui n’hésitait pas à prendre part aux grandes décisions d’Alexandrie, et qui y mourut en martyr… Du moins est-ce la légende que les écrivains du XVIIIème siècle ont essayé de dépeindre dans leur recyclage effrené de références pour finir de mettre à bas l’influence de l’Église et permettre au monde d’être éclairé par la pensée des Lumières. Mais désormais au fait du tableau idéaliste et bucolique que l’on a essayé de brosser au travers des siècles, une question reste en suspens : qui était réellement Hypatie ?
Il est des femmes malheureusement trop peu connues qui ont pourtant marqué l’Histoire de leur empreinte, que ce soit par leurs actions, leurs sacrifices, ou plus discrètement par leur apport au savoir et à la connaissance humaine. Hypatie d’Alexandrie est un peu tout cela à la fois : une femme de savoir à l’influence extraordinaire, qui n’hésitait pas à prendre part aux grandes décisions d’Alexandrie, et qui y mourut en martyr… Du moins est-ce la légende que les écrivains du XVIIIème siècle ont essayé de dépeindre dans leur recyclage effrené de références pour finir de mettre à bas l’influence de l’Église et permettre au monde d’être éclairé par la pensée des Lumières. Mais désormais au fait du tableau idéaliste et bucolique que l’on a essayé de brosser au travers des siècles, une question reste en suspens : qui était réellement Hypatie ?

Si l’envie d’en savoir plus sur ce personnage de caractère à l’intelligence subtile et rayonnante a titillé nombre d’historiens, nous sommes malheureusement confrontés à la pauvreté des sources. En effet, celles-ci sont réduites à Damascius, La Souda, ou bien certains écrits de Socrate le scolastique. Bien évidemment, les écrivains du XVIIIème qui ont parlé d’elle, tels Toland, Thomas Lewis, ou bien encore Voltaire, le faisaient avec un parti pris tel que l’historien moderne, s’il veut réellement connaître les faits, doit se baser sur les écrits les plus proches chronologiquement parlant de ceux qui auraient pu connaître Hypatie. Et c’est justement ce à quoi s’est attelée Maria Dzielska, historienne et professeure d’Histoire de la Rome Antique à l’université de Jagellonne de Cracovie, une spécialiste de la vie culturelle sous l’Empire romain, internationalement reconnue.

Recoupant les faits et les écrits, interprétant ces derniers de la manière la plus moderne et la plus partiale qui soit, Maria Dzielska parvient à nous livrer ici une représentation réaliste de la personnalité d’Hypatie, de l’étendue de ses connaissances, de son travail fabuleux en mathématiques et en astronomie, ainsi qu’en philosophie, brisant ainsi les légendes burlesques sur son âge, ses prétendues relations amoureuses et les raisons de sa mort.

Quant à ceux qui pensent qu’il suffit de voir « Agora », le film de Amenabar sur Hypatie, ils se trompent lourdement. Certes, la vision de ce dernier colle sur beaucoup de points avec « Hypatie d’Alexandrie », ainsi que les conflits poilitques et religieux en balance à l’époque à Alexandrie mais il a dû ajouter des personnages et des éléments de la légende qui n’ont rien d’historique, afin de donner du corps à son oeuvre. « Agora » reste un très bon film sur Hypatie, mais qui ne fait qu’entretenir une légende erronée sur de nombreux points.

Au final, « Hypatie d’Alexandrie » est un excellent livre de recherche biographique qui ravira les amateurs d’héroïnes tragiques à l’intelligence sublime, tout en faisant le point sur les soubresauts qui ont agité le monde à cette époque et montré de quelle manière la religion a finalement pris le pas sur l’État, instaurant sa chape de plomb sur la science et les arts durant des siècles…

Prix : 16 € ISBN : 9782721 005922 Editeur : Antoinette Fouque
Classé dans : - Mots clés : aucun

#1  - monsieurwar a dit :

Un excellent ouvrage, en effet, même si je regrette que le souci d’objectivité de l’auteure, très affiché, ne lui fasse jamais prendre en compte les sources archéologiques et épigraphiques. elle ne se fonde que sur les -maigres – sources littéraires, ce qui pose problème quant à l’objectivité de l’interprétation, problème herméneutique classique. Néanmoins, le meilleur ouvrage sur le sujet.
Je risque un bémol sur l’interprétation de l’auteure qui affirme qu’Hypathie ne fut pas sujette à une campagne contre les païens pour les raisons que : 1, les chrétiens s’en sont pris d’abord aux juifs. Je ne vois pas le rapport – en termes d’influence sur les structures, on s’en prend d’abord à qui fait de l’ombre à sa propre structure naissante avant de s’attaquer à ce qui structure le monde – en gros on élimine les rivaux de même niveau avany de s’attaquer à plus gros -. 2, Hypathie n’aurait jamais déclaré de sympathie pour le paganisme… argument fallacieux s’il en est, puisqu’on n’a pas à déclarer de sympathie pour la structure sociale et religieuse dans laquelle on a été élevé ; elle est là, point. Le simple fait que la Dame fut proche du laïc Oreste suffisait à la déclarer ennemie du christianisme. N’oublions pas qu’à l’époque, en particulier sous le paganisme, structure sociale et religieuse sont tellement imbriquées qu’il est vain de tenter de les séparer, fut-ce intellectuellement.

Répondre
#2  - patrouchef a dit :

Merci pour ces éclaircissements, il y a d’ailleurs certains points que tu as soulevé quand à la structure de l’ouvrage qui m’ont aussi parus « léger », manquant clairement d’information par rapports à certaines affirmations, mais ça ne gâche pas la lecture.

Et merci pour le repérage de coquille. En effet, à « … interprétant ces derniers de la manière la plus moderne et la plus PARTIALE qui soit… », il faut lire « …IMPARTIALE… ».

Mamar, si tu peux faire une intervention divine…

Répondre

Les commentaires sont fermés.